Par expérience, après avoir contrôlé au maximum les risques dans l’environnement de notre enfant, la plus grande assurance et le meilleur investissement sont de responsabiliser l’enfant.
Ma fille a eu sa première réaction allergique aux arachides à 3 ans. Elle a maintenant 6 ans et elle s’en souvient encore très bien. Elle nous a entendus raconter l’histoire à tellement de gens qu’elle ne pourrait pas l’oublier même si elle le voulait. Et c’est une bonne chose. Pour responsabiliser un enfant allergique, il vous faudra être très attentifs à ce qui semble retenir son attention pour l’utiliser et faire des liens concrets afin qu’il comprenne l’importance des allergies qui le concernent. Parlez-lui en lui expliquant les conséquences réelles que peuvent avoir les allergies. Ajustez votre niveau de langage au sien. Il faut être claire et ne laisser aucune zone grise. Plus l’enfant est petit, plus les explications doivent être courtes et précises. Faites-vous confiance et faites-lui confiance, mais préparez-vous afin d’obtenir les résultats escomptés. N’ayez pas peur de parler des allergies avec votre enfant.
Voici un bon truc : inventez des scénarios possibles avec lui et voyez ce qu’il ferait dans différentes situations. Les enfants adorent jouer des rôles, faites en un jeu. Par exemple : Si on va au magasin et qu’une dame qui donne des chocolats veut t’en offrir un, qu’est-ce que tu fais? Si l’enfant donne une mauvaise réponse, donnez-lui la bonne réponse gentiment et dites-lui pourquoi. Proposez-lui tout de suite une autre situation semblable pour qu’il puisse vivre rapidement un succès dans l’exercice et qu’il ait envie de continuer ce jeu. N’oubliez pas de le féliciter quand il donne une bonne réponse.
La confiance est primordiale
Votre enfant doit pouvoir comprendre clairement qui sont les personnes (ex. : Papa, Maman, gardienne) qui sont le mieux informées au sujet de ses allergies et qui sont en mesure de vérifier les aliments qu’il va manger. La confiance que votre enfant a en vous est très importante. Il doit savoir qu’en aucun cas, il ne devra faire confiance à qui que ce soit d’autre pour la nourriture. Peu importe combien il aime la personne ou combien cette personne peut l’aimer. Donnez-lui des exemples pour qu’il comprenne bien. Un jour, j’avais une discussion avec ma fille à ce sujet et elle ne comprenait pas pourquoi elle ne devait pas faire confiance à son professeur pour la nourriture. Je lui ai parlé de la fois ou Papy, qui l’aime plus que tout, était tout content de lui avoir acheté des biscuits sans arachides et qu’il voulait lui en donner. Elle est aussi allergique aux noix et ces biscuits contenaient des traces de noix. Je lui ai fait comprendre que même les gens qui l’aiment de tout leur cœur ne sont pas informés comme Maman et Papa et sont donc incapables de la protéger des dangers potentiels pour elle. Aussi, les deux parents doivent avoir le même discours avec l’enfant. Les informations et les directives doivent être très claires dans l’esprit de l’enfant.
Donnez l’exemple
En informant tous les gens qui peuvent être en contact avec l’enfant, vous lui donnez un coup de main pour apprendre à se responsabiliser. Il verra de quelle manière vous informez son entourage et avec quel sérieux vous le faites. En ayant eu plusieurs exemples de votre part sur la manière d’informer les gens de ses allergies, votre enfant en comprendra de plus en plus l’importance et il sera facile de l’inciter à le faire de lui-même, que vous soyez présente ou non.
Faut-il parler de la mort avec un jeune enfant?
Ma réponse : Ça dépend de votre enfant et de son tempérament. J’ai déjà parlé avec une maman qui m’a dit que son enfant ne mangeait pratiquement pas parce qu’il avait peur d’en mourir. Cette situation est triste, mais réelle pour certaines familles. Il est évident que dans une telle situation, le parent peut travailler fort à tenter de faire comprendre à l’enfant qu’une fois que les aliments ont été inspectés, il n’y a plus d’inquiétude à y avoir. Si c’est votre cas et que la situation perdure, je vous suggère de consulter un psychologue spécialisé avec les enfants. Ce dernier peut vous aider à communiquer avec votre enfant et vous donner des petits trucs qui vous seront bien utiles. De mon côté, ma fille a un tempérament plutôt confiant. Je lui ai toujours dit toute la vérité en lui expliquant qu’elle pourrait être très malade et même mourir si elle mangeait des noix ou des arachides. Je pense qu’elle prend ses responsabilités à cœur, mais elle n’en fait pas une obsession. Je lui ai fait comprendre toute l’importance de ne pas avoir peur de poser des questions quand elle a un doute sur un aliment qui lui est donné, même par mon conjoint ou moi. Elle nous a surpris à plusieurs reprises et elle nous a souvent poussés à vérifier certains aliments qui auraient pu lui être fatals si elle n’avait pas posé la question. La gêne ne doit jamais prendre le dessus quand il s’agit de sa vie et elle a bien appris cette notion.
À l’école
Quand viendra le temps de commencer l’école, vous ferez bien sûr votre devoir en informant le personnel de l’établissement. Mais vous vous rendrez rapidement compte qu’il y a de nombreuses personnes avec qui votre enfant sera en contact et auxquelles vous n’aurez pas directement accès. Vous devez apprendre à votre enfant qu’à chaque fois qu’il rencontre quelqu’un de nouveau, il devra l’informer de ses allergies. La même loi doit s’appliquer quand il assiste à une fête, chez un ami ou dans tout endroit où quelqu’un pourrait ne pas être au courant de ses allergies. C’est là que l’entraînement que vous aurez fait avec votre enfant deviendra extrêmement important. Pour un parent qui n’a pas d’enfant allergique, cette méthode peut paraître exagérée, mais il reste que le fait d’informer tous ceux qui entourent l’enfant allergique fait partie des méthodes de protection pour votre enfant. Il doit aussi bien comprendre l’importance de ne jamais partager de nourriture ou de vaisselle. Il doit se laver les mains avant et après chaque repas et collation.
Quand l’enfant sait lire, vous pouvez lui imprimer, sur une petite carte, la liste des mots clés à surveiller dans les listes d’ingrédients pour ses allergies. Il pourra garder cette carte avec lui dans ses déplacements. Ce n’est qu’un outil de plus et ça pourrait l’aider en votre absence.
N’ayez pas peur de répéter. Avec le temps, vous aurez de nouvelles idées de scénarios en lien avec l’évolution de la vie de votre enfant. Faites l’exercice de temps à autre. Il faut que toutes les notions importantes restent fraîches dans la mémoire de votre enfant. Aussitôt que possible, faites lui porter son auto-injecteur d’épinéphrine sur lui. Enseignez-lui aussi à reconnaître les signes d’une réaction allergique et/ou anaphylactique. Dites-lui de vous avertir ou d’avertir la personne qui s’occupe de lui aussitôt qu’il pense en ressentir les signes. De cette façon, il pourra recevoir les soins appropriés à temps. Cette notion est très importante puisque la majorité des cas de mortalité suite à une réaction anaphylactique sont dus au fait que la personne en détresse n’a pas reçu d’injection d’épinéphrine assez rapidement ou de façon inadéquate.
Quelques points à retenir
- Faire des jeux de rôles
- Soyez généreux avec les félicitations
- Plus l’enfant est jeune, plus les consignes doivent être courtes, claires et précises
- Identification claire des personnes ressources
- Les deux parents doivent avoir le même discours
- Donnez-lui l’exemple et informant l’entourage de ses allergies et encouragez-le à le faire aussi.
- N’ayez pas peur de répéter, ça pourrait lui sauver la vie!
- Pas de partage de nourriture ou de vaisselle avec d’autres personnes
- Il doit se laver les mains avant et après chaque repas et collation
- Aussitôt que possible, faites lui porter son auto-injecteur d’épinéphrine
- Faites-lui une carte de mots clés à surveiller
- Enseignez-lui à reconnaître les signes d’une réaction allergique et/ou anaphylactique.
Courage, vous n’êtes pas seul!
Voici quelques références en lien avec cet article
Lecture inspirante
L’histoire de Frisson l’écureuil allergique, par Ginette Legendre, Les Éditions de la Francophonie, Collection Enfant Santé. ISBN : 9782896271047, 9,95 $