Quelque 25 établissements scolaires de la métropole s’embelliront sous peu. Les étudiants ont la chance d’imaginer et de concevoir les aménagements qui prendront place dans la cour ou à l’entrée de leur école. Chaque établissement dispose d’un budget de 6000$.
L’école Charles-Lemoyne fait partie des 25 polyvalentes et écoles primaires participantes. Ses élèves débordent d’idées pour améliorer leur cour d’école. « C’est beau de les voir créatifs, de les voir imaginer, repenser leur environnement », confie leur enseignante Mireil Beaudoin.
Comme des pros
Les élèves de Charles-Lemoyne jouent aux designers en équipe de 3 ou 4 enfants. Ils analysent l’espace, organisent des consultations publiques par le biais de sondages. Ils dessinent des plans et tentent de les vendre à leurs camarades. Ils choisissent même les matériaux. Julie Tremblay, une bachelière en design engagée par Fusion Jeunesse, l’organisme qui promeut la persévérance scolaire à la source du projet, veille à ce que les élèves respectent les règles de l’art. Elle les rencontre une fois par semaine. « Les jeunes font comme les vrais designers, ils suivent les vrais étapes de création », met fièrement au jour l’universitaire.
« Le but, c’est que les élèves développent des passions, des ambitions, des rêves de carrière en voyant leurs mentors designers et architectes à l’œuvre », explique Emmanuelle Globensky, directrice chez Fusion Jeunesse.
Les apprentis de Charles-Lemoyne ont même eu la chance de voir des journalistes, des relationnistes et des politiciens au travail. Ils ont présenté, avec le maire de Montréal Denis Coderre, leur projet organisé dans le cadre des célébrations du 375e anniversaire de la Ville.
Des écoles mal en point
L’enseignante Mireil Beaudoin n’y va pas de main morte : « Charles-Lemoyne a l’air d’un bunker. L’école n’est pas invitante, n’est pas chaleureuse. Elle est plutôt dégueulasse », avoue-t-elle, s’excusant du même coup pour l’expression utilisée. Mais voilà, à l’arrière de cette ancienne polyvalente, les modules de jeu sont quasiment absents. La cour est délimitée par une voie ferrée.
Quand ils sont à l’extérieur, les enfants de maternelle jouent dans un demi-sous-sol à aire ouverte. Entourés de murs de béton, ils ne voient pas la nature autour d’eux, seulement le ciel. « Il faut améliorer leur quotidien, notamment en peignant de couleurs vives les murs gris qui les entourent. L’école a besoin d’amour », déclare Mme Beaudoin. « Un bel environnement, c’est nécessaire à la motivation », rappelle Emmanuelle Globensky de Fusion Jeunesse.
Objectif atteint
Selon Julie Tremblay, des talents s’éveillent chez les enfants participants. « Je pense notamment à une élève plutôt timide, qui était dans son coin. Dès qu’on a échangé nos visions, elle s’est levée et est devenue la leader politique de la classe. » Mireil Beaudoin renchérit. « C’est très formateur, les enfants découvrent leurs forces, leurs faiblesses, ce qu’ils aiment, ce qu’ils détestent », dit-elle.
Autre but du projet : léguer quelque chose aux plus petits. « Parmi les 25 écoles participantes au primaire ou au secondaire, ce sont toujours les aînés, les plus vieux, qui ont la responsabilité de repenser leur école », précise Emmanuelle Globensky. Ils doivent imaginer leur projet dans la durée. Considérer les besoins des élèves qui, après leur départ, fréquenteront les lieux d’enseignement. Ils doivent aussi s’assurer que leur construction respecte l’environnement.
Pour le printemps
Les étudiants des 25 écoles qui prennent part à Design 375º tracent les croquis des aménagements. Fin février, ils voteront pour leur préféré. Ils auront jusqu’au 5 mai, jour d’inauguration, pour le bâtir. Les élèves mettront la main à la pâte, avec des bénévoles.
Écrit par Alexandra Duchaine
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