L'attrait de l'interdit
Les aliments interdits incluent tous les aliments que l’enfant n’a pas la permission ou l’opportunité de manger. Parmi ceux-ci, on retrouve fréquemment les aliments riches en matières grasses (ex. : les aliments frits et les croustilles) ou en sucres ajoutés (ex. : le chocolat et les pâtisseries).
Bien que l’interdiction de certains aliments soit effectuée dans une optique de santé, l’impact réel est souvent le contraire à celui escompté. En limitant l’accessibilité de certains produits alimentaires, ceux-ci ne seront que plus attirants! Et lorsque l’enfant aura l’occasion d’en manger, il risque de surconsommer les produits interdits par peur que ce ne soit sa dernière chance d’y goûter. Les interdits stimulent les désirs… En présentant des « gâteries » de temps en temps, les enfants comprendront qu’ils n’ont pas besoin de faire des réserves et qu’ils auront d’autres occasions de déguster ces mets.
Hot-dogs, pizzas et compagnie
À l’origine, la pizza et le hamburger sont composés de produits sains. Ces mets sont en effet préparés à base de produits provenant des quatre groupes alimentaires, soit produits céréaliers, légumes, viandes et fromage.
Avec l’industrialisation, la réputation de ces mets s’est grandement détériorée. Les marchés alimentaires offrent maintenant des versions de ces plats très salées et riches en gras. Lorsque choisis sagement, les pizzas et les hamburgers peuvent facilement être intégrés dans une alimentation équilibrée, à condition de limiter l’apport en gras et en sel. Privilégiez donc des versions « maison » riches en légumes et faites de viandes maigres (bœuf haché maigre ou extra-maigre et produits de volaille) tout en limitant le fromage (riches en gras). Lorsque possible, choisissez des pains ou des pâtes de blé entier afin d’augmenter l’apport en fibres. N’oubliez pas de compléter le tout de légumes d’accompagnement et d’un verre de lait!
Les hot-dogs ont moins la cote lorsque vient le temps de faire des choix sains. En effet, les saucisses à hot-dog sont riches en gras et en sel en plus de contenir des agents de conservation néfastes pour la santé (ex. : nitrites). Cela ne veut toutefois pas dire qu’elles doivent être éliminées de l’alimentation! Comme tous les autres aliments, les hot-dogs et les charcuteries peuvent être consommés occasionnellement. En intégrant de temps à autre des aliments moins nutritifs dans un menu équilibré, la santé des enfants ne sera pas compromise.
Il en est de même pour les aliments frits (ex. : frites et croustilles) ou panés (ex. : croquettes de poulet et filets de poisson). Par leur processus de préparation, la friture et la panure ajoutent nécessairement des matières grasses aux aliments. Il est tout de même possible d’intégrer intelligemment ces produits dans l’alimentation en optant pour des versions moins riches en gras et en sodium. Préparez des frites et des croustilles maison cuites au four qui vous permettront de contrôler la quantité de gras et de sel ajoutés. Il est aussi possible de reproduire le croquant tant apprécié des aliments panés en optant pour des procédés de fabrication moins gras, tel que le propose notre recette de poisson pané à la cajun.
Les desserts et sucreries
Que ce soit des gâteaux, des biscuits, des bonbons ou tous autres aliments sucrés, il est important que l’enfant soit exposé à ces produits et qu’il puisse les apprécier. L’équilibre alimentaire des enfants ne sera pas compromis pour autant. Une fois de plus, tout est une question de quantité et de fréquence d’exposition des aliments.
Les occasions spéciales et les fêtes constituent des moments idéaux pour intégrer de tels produits au menu. De plus, il est possible d’offrir des gâteaux ou des biscuits faits « maison » et moins riches en gras/sucre que les versions industrielles. Cela permettra d’éviter aux enfants d’habituer leurs papilles gustatives aux aliments gras et/ou sucrés et de développer une forte attirance pour ces produits. Pour plus d’information, consultez l’article sur les desserts.
Le ketchup
Contrairement aux desserts sucrés et aux aliments riches en gras, le ketchup est utilisé plus souvent qu’à son tour lors des repas afin de faciliter la consommation des petits mangeurs.
Composé de tomates, de vinaigre, de sucre, de sel, et de quelques épices, le ketchup est utilisé depuis longtemps comme stratégies de camouflage pour les aliments moins appréciés. Ce condiment peu nutritif ne fait pas partie des quatre groupes alimentaires. Il peut donc être utilisé de temps en temps, mais en quantité raisonnable.
En tant que condiment, le ketchup doit être utilisé afin de relever le goût naturel des aliments et stimuler l’appétit. Il ne doit pas camoufler la saveur des mets, ce qui risquerait de limiter le développement des goûts de l’enfant et pourrait avoir des répercussions sur son alimentation une fois adulte. Il est donc important d’habituer l’enfant aux différentes saveurs et d’éviter la monotonie que pourrait entraîner une consommation fréquente de ketchup. Alternez l’utilisation de ketchup avec d’autres sauces d’accompagnement afin de varier les saveurs, telles la sauce aux pêches ou la sauce tzatziki.
Les aliments destinés aux enfants
Sur les tablettes à l'épicerie, on retrouve de nombreux produits destinés aux enfants. Les compagnies alimentaires ont en effet développé plusieurs produits attrayants pour les enfants grâce à des formes et des couleurs amusantes. Ces produits sont malheureusement souvent moins nutritifs que la version «pour adulte».
Le marketing alimentaire effectué par ces compagnies incite les consommateurs à penser que les enfants ne peuvent pas consommer les mêmes produits que les adultes. Il est toutefois faux de croire que les enfants ne peuvent consommer les mêmes aliments que les adultes sous prétexte qu’ils ne les apprécieront pas.
Les goûts des enfants, tout comme ceux des adultes, se développent avec le temps. Il est donc important d’exposer les petits mangeurs à de multiples saveurs et aliments différents. Montrer le bon exemple à table et répéter l’exposition des aliments moins appréciés demeurent la meilleure stratégie pour faire apprécier une grande diversité d’aliments aux enfants (consultez la fiche sur la néophobie).
Et l'obésité dans tout ça?
Plusieurs études ont associé la consommation d’aliments riches en gras et en sucres ajoutés à une augmentation de la prévalence d’obésité. Cependant, lors de la petite enfance, les petits mangeurs ont des besoins énergétiques très élevés, mais un appétit limité en raison de leur petit estomac. Il n’est donc pas approprié de restreindre la consommation d’aliments riches en gras et en sucre des jeunes enfants sous prétexte qu’ils sont plus caloriques. Il est d’ailleurs recommandé d’offrir du lait entier (3,25 % M.G.) aux enfants d'âge préscolaire jusqu’à l’âge de deux ans afin de satisfaire plus facilement leurs besoins.
Le marché alimentaire nous offre une gamme de plus en plus vaste de produits allégés ou faits à partir d’édulcorants intenses (tels le sucralose, l’aspartame ou l’acésulfame-potassium). Ces produits ont l’avantage de renfermer très peu de calories et permettent de combler les besoins d’une clientèle soucieuse de son poids.
Toutefois, les aliments réduits en calories ne sont pas appropriés pour l’alimentation d’enfants en pleine croissance. La consommation de ces produits risque davantage de nuire à la santé des petits mangeurs qui n’obtiendront pas tous les nutriments nécessaires à leur développement. De plus, les édulcorants intenses habituent les consommateurs au goût sucré et stimulent l’attrait pour celui-ci. Privilégiez donc les sucres naturels à ces substituts.
Quelques précautions
Lorsque vous offrez des aliments occasionnels :
- Portez une attention spéciale à la grosseur des portions des « gâteries », car bien qu’ils soient servis occasionnellement, cela ne veut pas dire qu’il faut en consommer de grande quantité!
- Optez pour des produits moins riches en sel, lorsque possible. Les aliments occasionnels sont souvent très salés et une consommation élevée en sodium est néfaste pour la santé tant chez les enfants que chez les adultes.
- Privilégiez les desserts faits maison afin de contrôler la quantité et la qualité des sucres et des matières grasses.
- Ne jamais utiliser les friandises à titre de récompense ou pour faire du chantage (ex : finis ton assiette ou tu n’auras pas de dessert), sans quoi l’attrait pour ce produit ne sera qu’accentué.
- Lorsque vous servez des aliments occasionnels, complétez le repas d’aliments nutritifs pour combler les besoins des petits mangeurs.
- Dédramatisez la consommation de gâteries et évitez de les placer sur un piédestal. L’enfant pourra ainsi goûter aux friandises et les apprécier sans y porter tout son intérêt.
- Tous les aliments ont leur place dans une alimentation saine et équilibrée. Permettez-vous donc quelques gâteries!
Interdit pour allergie
En milieu de garde, les produits à base de noix et d’arachides sont souvent interdits afin d’assurer la sécurité des enfants allergiques.
Ce type d’interdiction est parfois nécessaire afin d’éviter tout incident. Les allergies aux noix et aux arachides sont de plus en plus répandues et l’allergène qu’ils contiennent se propage facilement. Il est donc préférable d’éliminer les produits renfermant ces allergènes et de laisser aux parents le soin d’offrir ces aliments à la maison.
Pour plus d’informations relatives aux allergies, n’hésitez pas à consulter l’article à cet effet.
Références
- Côté, Stéphanie. Un enfant sain dans un corps sain, 2008.
- Larousse gastronomique, Édition 2001.
Par Mylène Duplessis Brochu, nutritionniste