Je considère que le rôle du père est tout aussi important que celui de la mère.
Puisque que les balbutiements de la paternité peuvent occasionner divers éléments stresseurs, j’ai choisi d’aborder la thématique du trouble de l’adaptation des pères, face à leurs nouveaux rôles et nouvelles responsabilités.
Encore aujourd’hui, les troubles d’adaptation strictement liés à la paternité sont des sujets tabous. Notre société a beaucoup plus tendance à jeter son dévolu et à s'occuper des mères. Il existe peu de ressources pour les pères et encore moins en cas de situations de détresse psychologique.
Je tenterai de démystifier le tout et d’épauler la gent masculine aux prises avec cette situation.
Définition selon le DSM-IV
Après avoir épluché le fameux guide de diagnostic (DSM-IV), il est facile de mettre de l’avant une définition assez complète de ce qu’est un trouble de l’adaptation des pères.
Lorsque l’on parle d’un trouble d’adaptation, il se rapporte toujours à l’apparition de symptômes dans les registres émotionnels et comportementaux en réaction à un ou plusieurs facteurs de stress psychosocial. La réponse psychologique apparaît dans les 3 mois suivant le début du stress. Ce problème occasionne une altération significative du fonctionnement social ou professionnel.
De plus, le trouble de l’adaptation peut aussi découler d’une étape du développement de la vie. Ici, il s’agit de la naissance d’un enfant, donc du début marqué de sa propre paternité.
Fait important à souligner : les troubles de l’adaptation touchent autant les hommes que les femmes.
Les troubles de l’adaptation, toujours selon les grandes lignes du DSM-IV, se découpent en 5 catégories distinctes que voici :
- Avec humeur dépressive
- Avec anxiété
- Avec anxiété et humeur dépressive
- Avec perturbation des conduites
- Avec perturbation des émotions et conduites
- Non spécifié
Quelques pistes à explorer afin d’aller demander de l’aide
Afin d’aider les proches du père en détresse, voici quelques exemples de changements d’habitudes ou de comportements qui sont susceptibles d’indiquer qu’il a besoin d’aller consulter une personne compétente.
Premièrement, le papa peut ressentir une perte de plaisir et d’intérêt pour ses activités préférées. Par exemple, il pourrait s’agir d’un père qui adore regarder le hockey et évite dorénavant d’allumer la télévision. Il feint alors le bonheur, ressent un abattement permanent, fait preuve d’une absence d’enthousiasme, est le spectateur de sa propre existence et est surtout incapable de s’imaginer des projets.
Le second aspect porte sur l’irritabilité. Si un père est toujours prêt à exploser, est impatient et très irritable, un son de cloche doit retentir.
L’agressivité est aussi un aspect à mettre en lumière. Piquer d’énormes colères pour des raisons démesurées est un autre signal d’alarme.
La frustration fait en sorte que le père ressent un mal-être global et le frustre au plus haut point.
Ruminer de nombreuses idées noires illustre bien le ressentiment face à :
- La perte de liberté
- La perte de temps
- L’augmentation d’obligations domestiques
L’abandon peut être difficile à gérer. Le père peut perdre beaucoup d’amis. Du coup, certains peuvent même aller jusqu’à ne plus avoir la force d’exister, leurs émotions étant anesthésiées par leur grande solitude.
L’indécision pour un tout et un rien est un signe à déceler. Le père tergiverse toujours entre deux options, sans être en mesure de trancher.
Un problème d'abus de substances (alcool, médicaments ou drogues) pourrait débuter ou s’exacerber afin d’engourdir leur malheur.
Voici une courte énumération mentionnant les symptômes physiques pouvant être ressentis durant cet épisode :
- Fourbu
- Lassitude
- Apathie
- Batteries à plat
- Pleurer
- Manque cruellement de sommeil
- Absence de conversation
- Aucun humour
Les craintes
Lorsqu’une personne souffre d’une maladie mentale, de nombreuses craintes peuvent en découler. En voici quelques exemples :
- Se sentir jugé
- Tabou, sujet délicat
- Période périnatale fait appel aux côtés personnels et émotionnels
- Mythe : maternité et paternité = bonheur
Des références et des solutions
En guise de conclusion, dans le livre de Véronique Boisvert, cette dernière affirme que : « De 2 à 13 % des hommes font également une dépression durant cette période. Ils risquent aussi de développer une détresse psychologique, des symptômes de dépression, de l’anxiété, de la mélancolie, un état de désespoir et de la somatisation. Ils peuvent ressentir de la fatigue, de l’hypersomnie, une baisse de désir et faire de la rumination intérieure. »
Qu’attendons-nous donc afin d’aider les pères vivant cet état de détresse? En vulgarisant cette statistique, il s’agit d’un nouveau papa sur dix qui vit une dépression postnatale liée à un trouble de l’adaptation.
Très peu d’études ont abordé cette thématique qu’est le trouble de l’adaptation des pères. Certains auteurs préfèrent le nommer : dépression périnatale paternelle.
Si un père s’ouvrait à vous, sauriez-vous quoi lui dire? Lui indiquer de bonnes ressources à consulter? Des livres à feuilleter?
Vous retrouverez ici des ressources pouvant être mises à profit dans les cas de trouble de l’adaptation post-partum paternel.
Articles de référence
- ASSOCIATION POUR LA SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC « La périnatalité québécoise depuis vingt ans »
- Mammouth Magazine « Stress et périnatalité »
- Mammouth Magazine « Stress et santé mentale des hommes »
Sites web
Livres
- BIZ « Dérives », LEMÉAC, 2010, 93p.
- BOISVERT, Véronique. « Bien vivre ma période postnatale comment prévenir les difficultés et devenir une maman heureuse. » LER, 2010, 292p.