Une accompagnante crée les conditions pour que le papa vive aussi sa propre expérience d’accouchement.
Bien souvent, le papa, spectateur forcément assez passif de la gestation, n’ose même pas imaginer qu’il puisse retirer autre chose de l’accouchement qu’une expérience de participant à l’événement. Il est souvent le premier surpris de réaliser que l’accompagnement lui a permis de vivre puissamment sa première expérience de paternité.
Sans accompagnante, le papa est tout entier dévoué aux besoins de sa conjointe, et n’a pas le temps d’analyser ce qu’il vit, lui, comme homme. Il ne peut souvent pas s’éclipser une seconde, à peine aller à la toilette ou prendre un café pour lutter contre le sommeil. Il n’a personne d’autre que des infirmières débordées, ou fraîchement arrivées pour leur quart de travail et qui ignorent tout des dernières heures écoulées, pour obtenir de l’information, pour se faire rassurer, pour être considéré. Il est donc en mode survie, sur l’adrénaline, et ne peut pas prendre de pause : pas les circonstances idéales pour profiter du moment présent et réaliser l’immensité et les enjeux de ce qu’il est en train de vivre.
Entouré, encouragé, relayé, le papa accompagné arrive à prendre du recul dans les moments stressants. Il peut prendre un repas chaud, gérer physiquement ou par téléphone l’organisation de la vie qui se poursuit au-delà de la chambre (aînés, famille, travail), dormir deux heures dans la salle d’attente de l’étage ou collé contre sa femme, tout en sachant que l’accompagnante veille et réconforte.
Un homme frais en vaut deux!
Une bonne accompagnante sait s’adapter en temps réel aux besoins mouvants du couple et y répondre adéquatement.
Elle ne s’impose jamais et a développé avec l’expérience un radar détecteur d’humeurs : elle sent lorsque sa présence est requise, et lorsqu’elle ne l’est pas. Personnellement, ma priorité en prénatal est de bien équiper le papa pour qu’il prenne toute sa place le jour J. Ma récompense est de voir le couple blotti dans sa bulle, et de me faire oublier. Lorsque le papa peine à soutenir sa conjointe comme celle-ci le voudrait, j’accours, lui donne un coup de pouce ou le relaie, suivant ce qui se prête le mieux. Je veux être un caméléon pour le couple, là quand il faut, discrète en tout temps, invisible lorsqu’il gère très bien tout seul ce travail qui leur appartient.
Enfin, en prénatal, l’accompagnante doit garantir la flexibilité de son service : les conjoints peuvent déterminer la formule qui leur correspond le mieux (rencontres avec ou sans accouchement) et revenir en tout temps dessus (le défraiement des frais est alors un autre sujet…). Personnellement, je rassure mes clients sur le fait qu’ils peuvent à tout moment du travail me demander de les quitter, et que mon ego n’en prendra pas ombrage! Je veux qu’ils se sentent confortables à me faire part de l’évolution de leurs besoins.
Accompagner la maternité, c’est s’emboîter comme des poupées russes : l’accompagnante contient le couple pour que le papa puisse contenir la maman qui contient le bébé... et croyez-moi, deux paires de bras valent mieux qu’une pour entourer une maman en route vers le voyage de sa vie.