Votre conjoint: vous l'aimez ou vous l'endurez?

Bonjour!

Je ne sais pas si mon titre est assez clair alors je vais l'expliciter...

J'ai posé cette question dans la section débat parce qu'il me semble qu'elle à un peu à voir avec les luttes féministes (rien que ça!) et je me demande où on en est aujourd'hui au Québec (je suis curieuse: je viens de l'autre côté de l'Atlantique).
Ma question part du constat suivant: après la naissance de mon fils en janvier, j'ai découvert un nouvel homme en mon conjoint. Il n'est pas aussi présent que je le souhaite et a des comportements qui me déplaisent... et je me demande si je dois tout supporter sous prétexte que «c'est comme ça», que «les hommes sont ainsi, différents des femmes, il faut s'y faire»... ou si je dois me battre pour l'égalité (quitte à partir si rien ne change).
Je vais vous donner quelques exemples pour être plus claire mais ma question ne porte pas du tout sur ma situation personnelle: c'est une question plus générale sur la place des femmes au sein du couple: faisons-nous, nous les femmes, trop de compromis au sein de notre couple, ayant ainsi stoppé les réelles avancées féministes de ces dernières décennies (je pense notamment à ces statistiques récurrentes montrant que les femmes, encore aujourd'hui, font une double journée que ne font pas les hommes)?

Voilà du concret:
Exemples vécus (et classiques si j'en crois les nombreux témoignages de copines ou sur des forums):
- j'ai passé mon séjour à la maternité seule (il est juste resté quelques heures par-ci par-là)... sans aucune famille par ailleurs puisque tout le monde est en Europe, sa famille comme la mienne
- le retour à la maison: seule. Pour m'occuper de mon fils et tenir plus ou moins la maison. Certes j'allaitais (difficile à partager) et mon conjoint n'a pas pris de congé paternité car il venait juste de trouver un emploi mais quand même il me semble qu'il pouvait en faire plus
- il ne se lève pas la nuit quand bébé pleure. Au début je comprenais car il travaillait et moi «pas». Aujourd'hui, c'est différent: je suis travailleuse autonome et même si je ne suis pas obligée d'être à telle heure au bureau, j'ai moi aussi ma journée à faire!
- il faut toujours lui demander pour qu'il s'occupe de son fils: donner le bain, l'habiller, le nourrir... et pour certaines tâches comme le bain, la toilette, les soins, il refuse. Par contre il change les couches de son propre chef.
- il ne veut pas s'occuper de toute la logistique autour de bébé: laver ses vêtements, en acheter de temps en temps, se procurer des jouets, se renseigner sur la manière de nourrir bébé (quoi cuisiner, quelles quantités...),acheter les céréales de bébé quand il n'y en a plus, trouver une place en garderie, trouver une gardienne pour dépanner à l'occasion...
- comme je suis «à la maison», il considère que c'est à moi de cuisiner les soupers, de faire les courses (même s'il les fait de temps en temps quand même), de faire le lavage des vêtements et des couches de bébé...
- si jamais il s'occupe de son fils un après-midi entier parce que je dois assister à un séminaire de Revenu Québec sur la fiscalité des entreprises individuelles (par exemple) il considère qu'il m'a fait là une énorme faveur et que c'est assez pour lui pour la journée, à moi de nourrir bébé dès mon retour...
- et il est frustré car je ne lui accorde pas de torrides nuits d'amour!

Bref, j'entends souvent ces témoignages de filles qui se retrouvent effectivement à faire une double journée sans que leur conjoint les aide vraiment, un conjoint qui a le culot de se plaindre si le repas n'est pas prêt à son retour et qui, au lieu de prendre tout de suite son bébé dans les bras, se dirige vers l'ordinateur pour se droguer sur Internet tout en demandant à sa conjointe «mais qu'est ce que tu as fait aujourd'hui?». M'en plaignant à quelques amies, j'ai reçu comme conseils «ne t'inquiète pas, c'est juste une phase, ça va se replacer, ce n'est qu'une question de temps».

Mais qu'est ce qui se replace? Monsieur réalise un beau jour qu'il est père, qu'il a des responsabilités et qu'il doit s'occuper davantage de son enfant (y compris pour les bouts moins le fun...) tout en exerçant à 50% (oui oui 50% pas 40% pas 30%... je parle notamment de ces couples où les 2 travaillent) les tâches familiales (cuisine, lavage, ménage...)?

A moins que ce qui se replace... c'est Madame? Madame qui a laissé tomber? Qui au lieu de se battre chaque jour pour un partage égal des tâches, au lieu de défendre chaque jour une famille moderne a fini par abdiquer pour, en plus de sa journée de travail, s'arrêter au supermarché faire les courses, préparer le souper, faire les lunchs des enfants, donner le bain aux plus petits, faire la vaisselle avant de se coucher...?

J'ai entendu beaucoup de femmes se plaindre du comportement de leur conjoint, être lasse de devoir - presque - tout faire mais pourtant... elles sont encore en couple! Est-ce parce que leur conjoint a changé... ou parce qu'elles se sont résignées?

Qu'en pensez-vous? Avez-vous vécu une telle situation? La vivez-vous?

J'espère vous lire sur ce sujet qui me tient vraiment à coeur car, m'intéressant à d'autres couples autour de moi j'ai été presque horrifiée de découvrir des femmes résignées à faire leur double journée... des femmes qui doivent coucher avec leur mari quasiment à la demande (parce qu'ils sont maris et femmes alors oui elle se sent parfois un peu obligée), des femmes qui préparent le lunch de tout le monde (y compris de monsieur) avant de se coucher...

Pensez-vous que les femmes qui mettent le poing sur la table pour demander un partage vraiment égal des tâches dans leur famille et une réelle présence du père face à ses enfants finissent par vivre seules, divorcées?

Avez-vous l'impression que trop de femmes sont obligées de faire des compromis pour sauver leur couple et leur famille? Pour se donner l'illusion (et la donner aux autres) d'avoir une belle petite famille idéale?

Quand je vois le succès que connait la série télévisée La Galère, j'ai l'impression que de nombreuses femmes elles aussi en ont marre des lâchetés et des tristes comportements de leur conjoint. Mais est-ce que leur révolte se limite à ça: regarder la Galère le lundi soir en se disant «c'est cool ce qu'elles font ces femmes qui s'affranchissent des carcans du couple... dommage que moi je n'en ai pas le courage...»?

J'ai bien hâte de vous lire!

Lily



 

Yachelle... oui ça a du sens! C'est un cercle vicieux je le sais. Là il est en congé paternité donc ça va un peu mieux mais il faudra voir après!
Merci pour tes messages!  

moi, je l'aime, profondemment. On ne s'entend pas sur tout, c'est vrai. En fait, je fais à peu près tout les tâches autour de bébé et les tâches ménagères. Mais la raison est simple et je viens tout juste de la trouver. Vous allez dire, ben il était temps ! mais bon ! Je suis super exigente et j'ai l'impression que JE fais mieux que les autres, j'ai de la diffculté à déléguer car, de toute façon, ça ne sera pas fait à mon goût. Alors oui, je fais presque tout. Mais dorénavant, ça va changer, car avec bébé 2 qui s'en vient, j'arriverai pas à tout faire seule.

Alors non je ne laisse pas beaucoup de place à mon chum. En fait, j'ai l'air de la fille qui roule et que tout va bien, que je ne suis pas dépassée. Mais c'est tellement faux ! Il veut s'impliquer plus, me donner un coup de main. Suffit que je lui donne sa chance.


 

Moi aussi mon conjoint je l'ai choisi, donc je l'aime, je ne l'endure pas. C'est clair qu'il y a des journées plus difficiles, mais la vie est ainsi faite!

J'avais aussi la chance de connaitre mon homme en tant que père en même temps, car il avait déjà une fille. Ce n'est pas facile, c'est probablement ce qui est le plus dur à dealer dans mon couple, mais je savais un peu plus à quoi m'en tenir.

J'ai tout de même découvert un père, mais j'avais déjà une idée quelles seraient ses forces et ses faiblesses.

Je voulais un père aimant et c'est ce que j'ai. Il n'est pas parfait, mais il possède la première qualité que je recherchais chez le père de mes enfants.

Pour ce qui est de l'égalité, je crois qu'on ne peut l'obtenir qu'avec une bonne estime de soi. Si on se sent égale, on le sera. Chez moi, pas de calcul de tâches ou quoi que ce soit. On le fait parce que ce doit être fait. Parfois, c'est moi qui s'occupe du souper pendant plusieurs jours, voir plusieurs semaines, puis ensuite mon chum prend la relève. On n'en parle même pas. Vite de même, nos tâches doivent être approximativement égales, mais on ne compte pas. Rien n'appartient à personne. Il n'y a que des tâches à faire et des personnes pour les effectuer.

Dans le reste de notre vie aussi c'est comme ça. On est généralement responsable de nos insatisfactions. Il faut savoir se regarder avant de blâmer l'autre. On ne règle pas grand chose en étant une victime. 

Lily, je suis tellement désolée pour toi...
Moi ça a vraiment viré pour le mieux, parce que mon mari a fini par comprendre ce que je vivais et il a vu que ce n'était pas équitable, et pas bon pour moi au bout de la ligne... je sais qu'il m'aime et qu'il veut mon bien.

Mais dans ton cas... on dirait que son coeur s'est endurci et qu'il ne veut plus t'entendre... Donc il SAIT tout ce que tu fais et tout ce que tu vis, mais il ne veut pas changer d'idée. Est-ce qu'il est frustré contre toi? Est-ce qu'il est "jaloux" parce que tu passes trop de temps avec le bébé, à son avis? (cet argument-là vaut un beau , selon moi, tout comme l'argument que l'homme travaille toute la semaine à temps plein!! Ça c'est , mais bon!)

Moi, personnellement, je n'irais pas pour la stratégie de boycotter LUI. Ça ne va pas vous aider à vous rapprocher, il me semble. Il va plutôt ressentir de la haine venant de ta part, non?

Je dis ça parce que en ce moment, il semble qu'il ne peut pas (et/ou surtout ne VEUT pas, peut-être) répondre à TES besoins. Et lui, qui répond à SES besoins? Oui, évidemment, tu fais tout pour lui côté "services" (repas, ménage, vaisselle, lavage, s'occuper du petit, etc. etc. etc.) mais est-ce que c'est ça qui le fait sentir "vraiment" aimé, apprécié? Est-ce que ça l'aiderait que vous passiez plus de temps ensemble, juste vous deux? Qu'est-ce qui lui ferait plaisir, que tu pourrais lui offrir sans trop que ça te gruge ton énergie?


C'est comme si actuellement, ton réservoir émotionnel est à sec. Tu donnes tout toute la journée, et tu ne reçois pas de reconnaissance de sa part, ni d'aide. En retour, tu n'as pas envie de faire plus pour le combler lui. Mais quand on commence à remplir le réservoir de l'autre avec la manière dont il comprend l'amour, lui aussi devient plus enclin à vouloir nous faire plaisir. Est-ce que ça a du sens?
 

Je m'occupe de presque tout dans la maison: couches, lunchs, repas, ménage, courses etc.
Mais mon mari joue beaucoup avec les enfants. Il les adore et les enfants l'adorent également. Pour les soins quotidiens, il a souvent de la difficulté à s'organiser. Il est nul en cuisine, aussi. Et il panique parfois à l'heure du bain quand les 3 plus vieux décident de s'énerver et de lancer de l'eau partout. Mais il fait vraiment de son mieux. Et il prend bien la critique. Et surtout, il m'aime très fort, il est toujours là pour me rassurer quand ça ne va pas, il a le sens de l'humour, il donnerait sa vie pour nous, il est fier de sa famille, il me fait confiance et je lui fais confiance, je suis vraiment heureuse avec lui. Je l'aime beaucoup beaucoup. 

non, faire la grève avec bébé, on oublie le projet...mais tout ce qui touche à ton conjoint...pourquoi pas?? 

Je vais te répondre la chose suivante: LA GRÈVE!

Sérieux, j'ai connu une fille qui se démenait comme un petit diable dans l'eau bénite pour faire rouler la maison, mais de A jusqu'à Z. Jusqu'au jour ou elle en a eu ras le pompom et a fait la grève. Oui, la grève de tout. Au bout de 5 jours la maison était dans un état épouvantable. C'était concret là tout ce que sa blonde faisait dans la maison...le gars s'est rendu compte que sa blonde en menait vraiment large.

Le gars est devenu plus compréhensif. Il s'est mis à l'aider.

Peut-être pourrais-tu discuter de certaines tâches et lui demander: Chéri, j'ai vraiment besoin d'aide. J'aimerais que tu discutes avec moi et que tu me dises le genre de tâches que tu serais prêt à prendre en charge. Nous pourrions prendre en considération les tâches que nous aimons (ou qui ne nous dérangent pas) pour établir cette liste. Qu'en penses-tu?

Moi, je déteste l'aspirateur. Mon chum, lui, il aime. On y va avec les goûts de chacun et on y trouve notre compte! 

Déjà fait! Quand je lui en ai parlé, il a refusé. Je l'ai quand même faite cette liste. Il a refusé de la lire. C'est de la mauvaise volonté. Pour lui c'est normal que, maintenant que bébé est là, je m'occupe de toute l'intendance.
Je dois quand même avouer à sa décharge qu'il a été plus impliqué pendant ses congés paternité!
En tout cas... comme l'a dit quelqu'un plus haut, mieux vaut être seul que mal accompagné. Je suis bien d'accord et je me dépêche de trouver des clients pour pouvoir rapidement subvenir seule à mes besoins (c'est déjà le cas avec le RQAP et mes économies mais bon, j'ai hâte de me rétablir rapidement professionnellement... même si ce n'est pas évident de lancer seule une petite entreprise!) 

Je rends les armes, j'avoue!
Sérieusement, oui c'est vrai tu as raison: on ne peut pas s'attendre à découvrir un maniaque du ménage chez notre conjoint après la naissance de bébé s'il n'a jamais été comme ça, c'est sûr. Le problème, c'est qu'avec l'arrivée de bébé, les tâches à accomplir sont nettement plus nombreuses et chronophages et là le conjoint semble bloquer, comme s'il avait atteint un maximum! Ce fut mon cas: avant bébé, je m'occupais du ménage, il s'occupait des courses et souvent de la préparation des repas et tout allait ainsi très bien, de manière à peu près égale, sans même que je songe à compter si ça faisait bien 50-50...
Le problème, c'est qu'aujourd'hui il refuse souvent de faire les nouvelles tâches apparues avec bébé (donner le bain, donner à manger...) et pire encore, sous prétexte que je travaille désormais à la maison et que lui a désormais un travail à temps plein, c'est à moi de faire en plus tout ce qu'il faisait avant! Bref, en plus de me lancer à mon compte et de travailler pendant les siestes et la nuit de bébé, en plus de m'occuper de bébé toute la journée, il faut que je prépare les repas, que je fasse les courses et le ménage car lui en rentrant à 18h il veut juste se relaxer (devant l'ordi). Il faudrait que je redevienne salariée à temps plein et que je place mon fils en garderie pour qu'il comprenne peut-être que je ne suis pas la bonne et pour qu'il daigne de nouveau partager les tâches...
Alors dans le fond ce n'est peut-être pas qu'il a changé... ce sont les nouvelles circonstances qui m'ont révélé sa «vraie» nature...
Et puis ce qui me choque, ce n'est pas juste que le partage des tâches ne soit plus équitable mais le fait qu'il ne s'occupe pas plus que ça de son fils. S'occuper de ses enfants, ce n'est quand même pas une liste de «tâches» fastidieuses à accomplir. C'est du temps (beaucoup de temps, de ce qui était jadis du temps libre) à donner! Et oui, parfois on a envie de faire autre chose que se relever à 22h pour calmer un bébé en pleurs (lire un bouquin, regarder un film...) mais il faut un peu se forcer parce qu'être parent c'est aussi faire quelques sacrifices (de son temps notamment). Mais il ne semble pas avoir compris cela et cet aspect là je l'ai constaté chez bien d'autres pères (de notre génération mais aussi de celle des boomers). Et cet aspect est difficilement mesurable avant la naissance de bébé. C'est en cela aussi que l'on découvre un nouveau conjoint, un conjoint devenu père... et plus ou moins à la hauteur de cette nouvelle responsabilité...