Santé

Naître maman

Le 8 janvier 2003, deux naissances se sont produites simultanément à 15h16 dans la salle d’accouchement où j’étais. Ma fille Adèle est née. Moi, je suis née… maman!

Même si on a 9 mois avant l’arrivée fracassante de notre enfant, je ne suis devenue maman que le jour de sa naissance. Auparavant, c’était un peu flou, pas vraiment déterminé ni ancré dans le réel. Mais, quand, pour la première fois, notre bébé plonge ses yeux dans les nôtres, le déclic est magique. Je suis ta maman. Tu es mon enfant. L’ampleur de la relation, la profondeur de l’amour partagé et la richesse à découvrir, tout est là! Dans ce regard pur et naïf! À la fois si doux et si fort!

Avant qu’Adèle naisse, bien des doutes ont traversé et même pris demeure dans mon esprit. « Et si elle ne m’aimait pas? Et si je n’arrivais pas à la comprendre ou à l’aimer? » J’ai souvent remis en question l’instinct maternel, ce distributeur d’amour inconditionnel qui efface les cernes des nuits trop courtes ou qui chasse les déprimes passagères. « Et si je ne trouvais plus de temps pour moi? Et si je me sentais archi coupable en allant la reconduire à la garderie? » Je me trouvais égoïste de songer à moi alors qu’un autre petit être grandissait en moi. Je voulais bien éloigner ces idées de moi, mais elles revenaient au grand galop, me fouettant violemment lors de mes nombreuses nuits d’insomnie. Troublée, je m’excusais déjà auprès de mon petit soleil de vouloir être tout à la fois : mère, femme, carriériste, blonde, fille, amie, etc. Je ne voulais pas changer, je voulais continuer à être qui j’étais, je ne voulais pas mettre en veilleuse une partie de moi. Bref, j’étais mélangée! Je doutais de moi.

Réconfort des mots

Étant une grande lectrice, j’ai trouvé bien du réconfort dans les mots des autres. Être maman, c’est lourd de responsabilités, de devoirs, d’implication et d’engagements. J’avais peur, un peu comme Nathalie Petrowski qui racontait dans un article de La Presse, le 10 mars 2003, qu’elle croyait que les enfants avaient été envoyés sur Terre pour emmerder les femmes et leur empoisonner la vie. « Aujourd’hui, je crois le contraire. Je crois que toutes les femmes auraient intérêt à faire des enfants, mais pas pour les mêmes raisons qu’avant. Pas pour l’État, l’Église, la bonne marche de l’économie ou le triomphe du contrôle social. Les femmes devraient faire des enfants pour le plaisir de la vie pure qui palpite, pour le bonheur de les accompagner dans la joie comme le chagrin, pour le temps qu’ils nous font perdre, pour l’amour inconditionnel qu’ils nous donnent, pour la maturité à laquelle ils nous obligent. Que les femmes qui ne veulent pas d’enfants ou qui ne peuvent en avoir me pardonnent! Mais en même temps aussi, qu’elles sachent que la maternité n’est pas un sacrifice. C’est une leçon de vie, une leçon d’humilité et le plus beau des cadeaux à se faire à soi-même. » Je comprenais que tout devenait possible. Que la maternité était la fin d’une partie de ma vie, mais aussi le début d’une autre! Je n’avais pas à renier une partie de moi; j’ai compris que j’allais, moi aussi, changer. Dès lors, tout était plus calme dans mon océan d’émotions.

Un rien me remuait les tripes! Il m’arrivait si souvent de pleurer au volant de ma voiture en entendant une chanson à la radio. La chanson « Donnez-lui la passion » de Lynda Lemay me remuait jusqu’au fond de l’âme et je pleurais en m’imaginant lui murmurer tout bas ces paroles vibrantes.

« Donnez-lui la passion, donnez-lui ce qui fait,
Que quand tout est bidon, quelque chose reste vrai,
Donnez-lui cette flamme, qui ne s'éteint jamais,
Qui survit même aux drames, les plus longs, les plus laids.

Donnez-lui la passion, avant de m'inviter,
Dans votre grande maison, dans votre éternité,
Ce sera sa bouée, son instinct de survie,
Quand j'irai vous r'trouver, dans votre paradis.
»

Étrangement, mes pleurs m’aidaient à y voir clair, à comprendre qu’un changement s’opérait en moi. Même si j’avais peur, terriblement peur, je savais que l’aventure allait être belle. Houleuse, probablement, mais pleine d’espoir et de surprises.

J’ai relu toutes les citations notées depuis mon adolescence dans un petit cahier noir et certaines sont venues calmer mes doutes et apaiser mes craintes.

Puis, le grand jour est venu

Je suis devenue maman. Adèle a fait sa place tout doucement. Je lui ai laissé la mienne tranquillement. J’ai appris à la connaître. J’ai appris à me connaître. J’ai vu la vie autrement. Réellement.

Avec ma fille, j’ai saisi l’urgence de vivre. Le « là, maintenant, tout de suite » prend tout son sens. Vivre intensément tout ce qui se présente, tel est mon nouveau credo!

« Vie!! », me crient les grands yeux de ma minounette depuis un peu plus de deux ans. «La vie est belle, mords-la, fonce! Fais-lui confiance! » qu’elle me répète sans le dire véritablement. Chaque jour, le regard franc de ma fille me motive à aller de l’avant jusqu’au bout de moi. J’ai gagné de la force, du dynamisme, une motivation nouvelle et un élan créateur explosif à son arrivée. J’ai pris le pari de ne jamais la décevoir et de lui montrer que tout était possible. Elle m’a donné des racines dans un monde en mouvance; j’allais lui donner des ailes. Je serai celle qui soufflera sous ses ailes pour qu’elle vole vers ses rêves. C’est un engagement solennel!

Des leçons simples, elle m’en donne chaque jour. Depuis, petit à petit, je modifie la façon dont j’aborde la vie. Quand je vois Adèle me tendre la main pour descendre quelques marches d’un escalier, j’apprends que l’on peut demander de l’aide quand on se sent chanceler. Quand Adèle s’exclame, pimpante, « Bravooo! » parce qu’elle a réussi à enfiler ses pantoufles, je comprends que la vie est faite de multiples petites victoires qui pourtant passent souvent inaperçues. Quand Adèle est contentée par un petit cornet de crème glacée même si le voisin a un gros sundae cerise, fraise et chocolat, je me rappelle qu’un verre est autant à moitié plein qu’à moitié vide. Quand Adèle reçoit une babiole du magasin 1 $ et que ses yeux brillent de plaisir, je saisis qu’on ne remercie pas assez la vie pour ce qu’elle nous apporte.

Et c’est pas fini!
Et chaque jour, cet apprentissage de la vie continue. C’est l’aspect le plus merveilleux. Je ne dis pas que la maternité est simple et facile! Oh que non! Bien souvent, c’est ardu, grandement émotionnel et préoccupant. Il y a des jours où tout nous paraît une montagne. Où rien n’est rose, à commencer par notre moral! Où on reviendrait en arrière! Mais, même dans les moments de doutes intenses et de moral dans les talons, il reste qu’il y a un moteur qui n’arrête pas de tourner en moi. Celui de l’amour que je porte à ma fille qui me redonne l’entrain de continuer à donner le meilleur de moi, partout. Je n’ai pas le droit de la décevoir. Je puise dans ses yeux, ce réservoir d’espoir et de dynamisme, quand tout tangue pour me remettre sur le droit chemin! Si vous saviez comme ma vie, dotée de ce nouveau et précieux moteur, carbure au bonheur! C’est le plus beau des commencements… je vous le jure!

Nadine Descheneaux, membre de l’équipe de Mamanpourlavie




Bonjour,
Quel beau texte! J'ai les larmes aux yeux et je pense à ma puce de 4 mois. Vraiment vous m'avez touchée au plus profond de mes tripes et tout ce que vous avez si bien exprimé me rejoint énormément.
Quel beau métier que d'être une maman, n'est-ce pas?

Bonjour,
Wow ! Quelle belle lecon! Je suis enceinte de 4 mois et tout ce que vous avez exprimé me touche beaucoup. Un poid vient tout juste de s'enlever de mes épaules. Quel beau temoignage. Bravo!


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