Mardi 7 février, le bedon bien plein d’eau, je suis à quelques minutes de savoir si tu es une fillette ou un garçon. Nous n’avons pas de préférence, mais nous voulons le savoir cette fois-ci pour pouvoir l’appeler par son prénom les derniers mois de la grossesse, décorer la chambre et trouver des pyjamas les plus craquants les uns que les autres sans se soucier de détails sexués (une boucle de trop, un collet un peu trop féminin ou des couleurs ambigües). Plus le temps avance, plus je suis nerveuse et rapidement la question du sexe est largement dépassée par une montée impressionnante de « Et si bébé n’était pas en forme? Et s’il lui manquait des morceaux? Et si on m’annonçait le pire? Et si... et si... et si... » C’est insensé, totalement irraisonnable et à la fois absolument incontrôlable. Moi qui avais si hâte de savoir qui était mon bébé soleil, je ne veux que savoir si tout va bien. Pendant que mon chum fait des sodokus l’air parfaitement en contrôle, je feuillette nerveusement toutes les vieilles revues qui traînent. Même les potins les plus croustillants ne me font aucun effet. L’attente gruge mes nerfs. « Il me semble que je l’ai moins senti bouger depuis quelques jours. » La panique reprend. Et, quand je suis nerveuse, j’ai envie d’uriner ou je bois. Aucune des deux issues n’est la bonne. La vie est mal faite. Je me tortille sur mon siège inconfortable pendant que mon esprit se torture involontairement. Trop difficile de gérer tous ces « incontrôlables ».
Notre tour enfin! J’entre en trombe dans la salle d’examen. Qu’on en finisse au plus vite! Quelle idée de nous soumettre à de tels tests! De plus, même si on nous annonçait que le bébé avait une malformation, il serait trop tard pour reculer. Et dans ce cas-là, j’aimerais mieux ne pas le savoir. Le lien d’attachement est bien plus fort entre la mère et le bébé lorsque l’image du bébé parfait n’est pas brisée au cours même de la grossesse. En fait, le lien se crée plus rapidement. Mais bon, pendant que mes idées batifolent encore, la technicienne mesure et parle continuellement : le bébé va bien, tout est là et à la bonne place et il bouge beaucoup! Du coup, tout le poids de mes tracasseries s’évapore. Magie! Je flottais encore quelque part quand elle me dit en pointant l’écran : « Voici le sexe! ». Mais... Mais... C’est un garçon! Un gars, je vais avoir un gars! Je suis étonnée! Moi, une fille, je vais avoir un gars. J’aurai un petit être qui physiquement est différent de moi. C’est à ce que j’ai pensé en premier pendant – j’en suis certaine – que mon chum rêvait de matches de baseball et de pratiques de hockey! Un gars! Je croyais avoir une autre fille parce que c’était plus simple, un peu comme l’ordre des choses. Facile, comme rentrer dans de vieilles chaussettes. Mais là, j’attends un garçon. Je plonge dans un univers inconnu; j’en suis tout émue! Vraiment, ce sera indéniablement différent! Alors que pourtant chaque nouveau-né l’est! Mais ce petit zizi change toute la donne et m’assure bien de la spécificité de l’aventure! J’attends un bébé-garçon!
Une fille, c’est une fille! Un gars, c’est un gars!
Bien sûr, deux enfants, peu importe le sexe, sont différents. Mais les copines sont là pour me répéter que c’est deux mondes quand même. Je suis choyée d’avoir accès à chacun d’eux. Une fille, c’est une fille! Un gars, c’est un gars!
J’ai connu la jasette en continu d’Adèle, son monde de contes de fées, ses poupées, ses livres, ses lulus et son ensemble de vaisselle. Amenez-moi les pirates, les monstres, les autos et le gant de baseball! Tout en sachant bien qu’Adèle portera encore fièrement son chandail du Canadien en jouant au hockey dehors pendant que, peut-être, fiston pratiquera de la trompette? Chacun sera bien dans ses goûts et ses contradictions! Je n’enfermerai jamais mes enfants dans des moules stéréotypés, mais je persiste à croire qu’il existe des préférences liées à nos petits chromosomes personnels. On verra bien! Mais, pour nous, les parents, déjà la seule routine du changement de couches changera un peu.
Effet passager de l’échographie sur la grande sœur
Cette fois-ci, nous n’avions pas amené Adèle avec nous, mais lui avions dit que nous allions faire prendre une photo du bébé. À l’heure du souper, accroupis près d’elle, on lui a montré les photos. Elle a eu l’air un peu déçu de la noirceur des clichés. Quand on lui a dit qu’elle aurait un bébé-frère, un petit garçon comme Justin et Loïc, les fils de mes amis, elle a semblé comprendre. Voilà enfin du réel pour la demoiselle de 3 ans! « Un bébé-frère, ah oui? », demanda-t-elle un peu sceptique. Puis, émerveillée, elle se penche vers mon cou et me dit « Ohhhhh il est joli ton collier, maman! » en le prenant entre ses petits doigts. « Allez, on passe à un autre sujet! On ne s’éternisera pas sur le fait que c’est un garçon. Pour moi, c’est un bébé... c’est tout! » que j’ai lu dans ses pensées.
La course aux achats post-échographie
Avoir un gars veut dire remiser pour de bon, vendre et donner tout ce qui porte une touche de rose, une fleurette ou une ballerine! Quand on fait le ménage, que se passe-t-il? L’envie soudaine d’aller courir les boutiques! C’est ce que j’ai fait... au lendemain de l’écho avec deux copines expertes conseillères ès garçon et magasinage! Compulsion? Besoin de concrétiser l’annonce reçue? Un peu des deux. Et pourquoi pas? « Désolé chéri, mais on ne laissera pas ce petit tout nu, n’est-ce pas? » Comment me répliquer quelque chose?
Trois pyjamas et trois cache-couches plus tard, la garde-robe de fiston prend de l’expansion! Vite, vite qu’on prépare sa chambre!
Autre fureur post-échographie
Si certaines se lancent dans la peinture de la chambre avec fureur et passion, d’autres déploient leurs talents de couturière, bref on a parfois envie de « faire » quelque chose de nos mains pour notre enfant. J’ai ressorti mes broches, mes aiguilles et ma dose de patience (où est-elle donc?) et je suis allée me perdre dans les balles de laine colorée et texturée chez Phildar. Oh là, là! J’ai trouvé la plus adorable et minuscule veste pour fiston.
Prochain défi...
La déco de la chambre! Je ne veux ni camion, ni ourson, ni personnages de bandes dessinées. C’est toujours bien un début! Quand, je suis devant un éventail trop grand de possibilités, je commence par éliminer ce que j’aime le moins. Ensuite, je vois mieux ce qui m’attire.
J’aime la couleur de l’herbe et du soleil, surtout pour un bébé du mois de juillet. Le bleu de l’eau me calme, l’orangé teinte ma vie. Comment intégrer le tout dans un décor tenant dans une toute petite chambre? Pour m’aider à trouver des idées, je feuillette les magazines de déco à la bibliothèque ainsi que les livres d’histoires pour enfants. Quels personnages accompagneront Fiston aux pays des rêves. Ah oui! J’oubliais... j’interdis à mon chum d’y mettre une touche sportive. Pas de tout de suite, s.v.p.!
Diagnostic du fait d’avoir un gars
28C’est à croire que les médias ont entendu parler de mon écho. Est-elle sur eBay comme celle de poupon Jolie-Pitt? Trêve de plaisanterie, le quotidien La Presse annonçait le 8 février dernier, que les mères stressées ont moins de garçons. Les chercheurs californiens tentaient de savoir si les mères ont un rôle à jouer dans le choix du sexe du bébé qu’elle porte. Et étonnamment, il semblerait que oui! En des temps difficiles, leur corps tend à opter pour la viabilité du foetus, donc pour des filles, les garçons formant des fœtus plus fragiles. Super! Mon diagnostic : je suis zen malgré les contrats qui entrent et le temps qui presse, malgré les détours à l’épicerie et les achats pour le cours de danse de Miss Lulus, malgré l’envie de flâner des heures aux magasins ou dans un café alors que la maison est sens dessus dessous et malgré les inquiétants couic couic de ma voiture et le temps des impôts qui approche.
Et maintenant, la ronde infinie...
Des prénoms! Vous avez trouvé? Vous êtes comme moi : jeune célibataire, on a tous fait – en cachette - une liste de prénoms coquins évoquant des rêves de couvertures pastel et des souvenirs d’odeur de poudre pour bébé, totalement convaincues d’avoir trouvé LES prénoms de toute notre future progéniture. Quand on la retrouve alors qu’un réel poupon est en construction dans notre ventre, on s’étonne de nos choix du moment. Pour une fille, on avait choisi... Mais là! Oh surprise, c’est un garçon! Pas question de l’appeler Estelle! Et c’est reparti...
Dites-moi quels sont vos critères pour le choix du prénom? Court, composé, original, conventionnel, rare, long, etc. Comment choisir? Faites-vous des suggestions? Des rondes d’élimination? Une tactique sublime pour faire accepter votre choix à votre conjoint? Racontez! Racontez! Par courriel ou sur le forum.
(Février 2006)
